mardi 25 septembre 2012

#12 Caricature trop exagérée


Un danger guette parfois le caricaturiste fougueux : se faire plaisir au dépend du sujet au risque de s'en éloigner. Persuadé d'avoir raison sur une caractéristique physique de sa victime, la tentation est trop forte d'accentuer à fond ce trait, en se disant que plus c'est exagéré, plus cela fera rire.
Même si l'effet comique est atteint, il risque d'être le seul et la caricature ne pouvant plus s'appuyer sur ses deux jambes, accentuations et ressemblances, aboutira à un résultat déséquilibré qui n'entraînera pas une adhésion complète.
À trop vouloir grossir le trait, le spectateur prendra la défense du sujet au lieu d'être complice de l'artiste, au contraire du but recherché.
Heureusement, "qui peut le plus peut le moins" et il sera plus facile de faire marche arrière que de trouver une déformation quand elle nous échappe. 

mercredi 4 juillet 2012

#11 Caricature trop portrait





Il est certaines caricatures dont je ne suis pas entièrement satisfait. Souvent parce que la photo n'est pas assez éloquente ou trop petite (ou par faiblesse de talent), j'ai beaucoup de mal à saisir les points forts du visage. Je multiplie les essais en renforçant quelques éléments les uns après les autres, je bricole, je prends du recul, j'y revient… Une crainte supérieure guide mes essais : surtout obtenir une représentation ressemblante. Cette priorité absolue conditionne un résultat respectant ce critère au détriment d'une charge plus exagérée et amusante. Ce n'est pas un portrait, mais ce n'est pas à mes yeux une vraie caricature. 
Il faut en prendre son parti en attendant une photographie plus parlante ou une illumination créative. Reste le sentiment frustrant d'être passé à côté d'un résultat plus intéressant et que l'on n'a pas réussi à voir.

samedi 11 février 2012

#10 Caricature & Portrait

 
À qui s'intéresse aux visages, la caricature et le portrait sont les deux faces tout aussi intéressantes l'une que l'autre d'une même pièce. C'est pourquoi, débordant pour une fois le sujet de ce blog, j'ai envie de mettre sur un même plan, côte à côte, caricature et portrait photographique. Pourquoi photographique ? Parce que la photo est une autre de mes passions, que le portrait dessiné cherchant à se rapprocher de l'exactitude photographique, autant utiliser un appareil, les points que je souhaite aborder restant de toute manière identiques.
Que recherche-t-on en photographiant un modèle ? À restituer sa beauté s'il en est pourvu (c'est le cas ici), à le magnifier si la nature a été moins généreuse. On travaillera à mettre en lumière (dans tous les sens du terme) l'éclat d'un regard, la régularité des traits, la douceur d'un sourire. En privilégiant certains angles, disproportions ou irrégularités éventuelles seront atténuées, gommées. Le résultat, s'il est réussit, plaira au modèle car il sera non seulement ressemblant mais flatteur.
La caricature (qui ne peut être obtenue avec un appareil photographique, même avec des déformations) du même sujet aura naturellement un objectif opposé.
Les irrégularités sont accentuées, les disproportions exagérées. La beauté n'est plus une aide mais une gène à contourner. Au lieu de les adoucir, on force les contraste. Les rides et poches sous les yeux sont bien tracés au lieu de les gommer.

Et pourtant, au final, les deux résultats seront jugés sur le même critère de réussite : la ressemblance. Une véracité légèrement embellie et rajeunie dans le cas du portrait photographique, plus ridicule dans le cas de la caricature qui vieillit souvent un peu le sujet. Deux aspects parallèle d'une même vérité. Le même visage mais vu différemment, comme celui montré au réveil n'est pas exactement le même que celui affiché après passage dans la salle de bains…

mardi 3 janvier 2012

#9 Caricature et psychologie

La caricature s'attaque principalement au physique. Quand on ne connaît pas du tout la personne croquée, c'est le seul aspect accessible. On est toujours tenté,pourtant, de deviner le caractère d'après une photographie. Une pétillance dans le regard ou au contraire des yeux éteints orienteront et seront mis à profit pour souligner l'intelligence ou la bêtise supposées. Se baser sur une image est pourtant hasardeux et le risque est grand de se tromper.
Quel avantage quand on connaît bien le personnage (ou qu'il est très connu)!
On peut alors avec plaisir enrichir l'approche physique d'un vrai portrait psychologique. L'humeur, l'intelligence, le caractère peuvent être retranscrits, accentués et permettre une authentification encore plus juste qu'une déformation uniquement physique. Et quel bonheur de réussir à restituer non seulement l'aspect visuel mais également l'intériorité d'une personne.
On voudra rendre la sympathie de ceux que l'on apprécie et moins favorablement ceux qui nous rebutent.
Mais la responsabilité du dessinateur est grande car les spectateurs se feront une idée encore plus précise du sujet. S'ils le connaissent et approuvent le résultat, le succès en sera encore plus grand. Mais s'ils ne le connaissent pas, ils porteront un jugement qui, s'il est au détriment de la victime et en plus inexact, sera vraiment injuste (…et pas très gentil s'il est exact).