samedi 30 novembre 2024

La caricature comme un air de jazz

 


Il m'arrive parfois de revenir sur une caricature ancienne. Soit parce que la première version ne me satisfait plus, soit parce que j'en suis toujours fier, mais que je veux l'actualiser avec les outils que j'utilise maintenant. C'est le cas ici avec cette caricature de Dizzi Gillespie.

L'inscrire sur sa tablette

Pendant des années, j'ai réalisé mes portraits caricaturés uniquement au crayon. C'est un outil que je maîtrise bien et qui permet un rendu avec de la souplesse. En utilisant des crayons plus ou moins secs ou gras, on peut obtenir des nuances de gris très intéressantes. Et même si on se limite au crayon moyen HB le plus courant, il suffit d'appuyer plus ou moins sur le papier pour obtenir le même effet. Mais je mentirais en évoquant uniquement cette raison. Il y avait aussi de la peur, celle de ne pas être suffisamment sûr de son trait pour le fixer en noir avec un outil comme la plume. J'ai trouvé mon bonheur en passant résolument à la tablette numérique. Elle me permet d'utiliser tous les pinceaux ou plumes dont j'ai besoin tout en me permettant de revenir en arrière si je ne suis pas satisfait. Le bonheur, je vous dis.

Sonnez trompette !

Un petit mot sur Dizzi quand même. Comment ne pas être attiré en tant que caricaturiste par un musicien de très grand talent utilisant une technique de trompettiste déconseillée par tous les enseignants classiques. Sa manière personnelle et unique de gonfler les joues comme un batracien était un appel irrésistible pour mon crayon, qui n'avait plus qu'à s'amuser en poussant la carte animale. Et que le crayon laisse la place au stylet n'enlève rien à son charme, il permet même d'ajouter une petite touche de couleur très jazzy.

vendredi 15 novembre 2024

La caricature fait la révolution

 

Mirabeau, une gueule de la Révolution

L'histoire de France ne manque pas d'hommes célèbres avec une forte personnalité. Certains d'entre eux avaient une "gueule" qui, non seulement impressionnait leurs contemporains, mais continue à inspirer le caricaturiste. Mirabeau est incontestablement de ceux-là.

Une éloquence qui a de la gueule.

Resté dans l'histoire comme l'un des plus grands orateurs de la Révolution Française, Mirabeau s'imposait par la puissance de son verbe. Nos manuels d'histoire ont conservé sa formule la plus célèbre, un peu simplifiée : « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes21 ».

Mirabeau n'était pas beau.

Le visage volontaire de ce noble devenu le porte-parole des députés du Tiers-état était marqué par les cicatrices laissées par la vérole. Cela devait ajouter une dimension supplémentaire à l'impression physique dégagée auprès de ses interlocuteurs.
Cette maladie terrible, qui était mortelle pour la beauté des femmes, enlaidit moins un homme quand il a suffisamment de talent pour séduire avec d'autres armes.
C'est en tout cas une touche de plus permettant au caricaturiste de fouiller sans pitié un visage historique. On est révolutionnaire comme on peut.

samedi 9 novembre 2024

La poésie de la caricature

 

Max Jacob, le peintre poète

Il est toujours plus riche pour l'illustrateur de ne pas se limiter à ses propres choix, y compris quand il s'agit de caricature. Ainsi, je n'aurais probablement jamais pensé à croquer Max Jacob si je n'avais été invité à accompagner un de ses textes. Et je suis très heureux de l'avoir fait.

Max, un homme multiple.

Une fois que l'on fait connaissance avec cet homme, comment ne pas être étourdi par la pluralité de son parcours. Né juif à Quimper, dans la Bretagne catholique, converti par choix au christianisme avec beaucoup de piété, il est pourtant arrêté comme juif par la Gestapo et meurt la veille d'être déporté. Peintre talentueux ami des plus grands artistes de son temps, il est principalement connu et reconnu comme l'un de nos grands poètes, précurseur du surréalisme.

Une caricature au service de l'artiste.

La caricature restant l'une des rares formes artistiques que Max Jacob n'a pas utilisée, cela me libérait pour aborder son portrait. Je suis parti d'une photographie parmi les plus connues afin d'approcher la ressemblance de cet homme trop méconnu aujourd'hui. Merci à lui d'avoir utilisé cet accessoire désuet qui le place si facilement dans son époque : le monocle. Le caricaturiste est toujours friand de tout accessoire original à même d'enrichir le portrait d'une manière spécifique. Surtout quand l'homme dessiné est, comme celui-ci, unique à plus d'un titre.