Les caricatures font presque toujours sourire, c'est devenu une de leurs caractéristiques. Amplifier les "défauts" physiques de quelqu'un donne presque toujours un résultat amusant (même s'il n'est pas charitable de se moquer du physique, la caricature ne fait que cela). La victime en ressort risible, souvent grotesque, parfois ridicule (ce qui est très apprécié envers les hommes politiques).
Pour autant, est-elle obligée d'être drôle ? Et d'abord pour qui ? Pour rire de voir amplifiés et révélés au grand jour les déséquilibres que justement il cherche à dissimuler, le sujet caricaturé montrera un sens de l'humour ou d'auto-dérision certain (j'y reviendrai une autre fois). Tous les autres riront évidemment plus facilement, étant connu depuis La Fontaine que nous nous moquons avec joie de la paille dans l'œil du voisin sans être gêné par la poutre qui se trouve dans le nôtre.
Le rire peut ainsi être partagé en groupes de rieurs.
Pour une personne privée, ce sont ses relations qui la reconnaissent et approuvent tous ensemble la mise en avant des caractéristiques physiques qu'il n'oseront souvent pas moquer directement.
Pour un personnage public, ce sera tout un chacun qui appréciera de se moquer de quelqu'un beaucoup plus célèbre et fortuné que lui.
Mais tout dépend aussi de l'intention. Tant que la caricature reste au niveau de la moquerie sans mépris ou de la bouffonnerie irrespectueuse du fou du roi, tout le monde pourra rire de bon cœur sans mauvaise conscience.
Quand la caricature est au service d'un message particulier, sert une propagande, diminue les uns pour amuser les autres, il n'est plus question du même humour. Les caricatures présentées par les nazis et moquant le physique supposé des juifs ne faisaient rire que les antisémites, de même que les racistes s'amusent beaucoup avec les représentation dégradantes d'hommes d'une autre couleur qu'eux.
En caricature aussi, on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde.
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