lundi 19 septembre 2011

#5 une anecdote pour changer

Une de mes premières caricatures m'a fortement marquée en me faisant prendre conscience de leur pouvoir sur le modèle. Je ne pense pas ici à celle de ma prof de philo en maillot de bain (que je ne lui ai jamais montrée et qui m'a été volée par un camarade indélicat) mais à celle que j'ai eu envie de faire d'un prof aux beaux-arts. Celui-ci impressionnait tout le monde physiquement, moi compris, par son air taciturne, son regard dur et ses saillies caustiques.
Mais il avait aussi une vraie "gueule" qui m'inspirait et que je sentais bien. Je me suis donc lancé un jour en me demandant si j'arriverais à faire comme Mulatier que j'admirais déjà. Le résultat à dépassé mes espérances sur plusieurs points.




- Même si le rendu montrait des maladresses, j'ai pris confiance en moi en voyant que j'y arrivais.
- L'ayant montrée à mes meilleurs copains, le succès a été immédiat et le bruit s'est répandu à tel point (sans réseau social) que tout le monde venait me demander de lui montrer cette caricature. Cet accueil enthousiaste était très agréable et bon pour le moral.
- Conforté dans la réussite du dessin, j'ai surmonté ma timidité et dévoilé sa caricature au prof lors de son passage. Sa réaction a été très surprenante. Heureux comme un enfant, il s'est précipité pour la montrer à tous ses collègues qui riaient autant que mes camarades d'atelier.
Ce professeur, avec qui j'avais eu plusieurs fois des critiques négatives et décourageantes sur mes travaux, me félicitait comme il ne l'avait jamais fait et était visiblement ravi d'être caricaturé pour la première fois de sa vie.
Je me sentais puissant face à lui et comprenais comment le fait de dessiner des mastodontes sur la paroi des cavernes avant de partir les chasser donnait du pouvoir aux hommes préhistoriques sur des animaux qu'ils redoutaient dans la nature.



J'ai accepté ce jour là d'intégrer que mon expression artistique personnelle était la caricature. Les portraitistes bénéficient dans l'art d'une aura plus grande et vénérée, mais des caricaturistes, il n'y en a pas autant et j'étais le seul de toute l'école. Je ne devais donc pas prendre ce fait comme une déchéance mais plutôt comme un motif de fierté si j'arrivais à être suffisamment talentueux pour faire ainsi à chaque fois briller les yeux de mes modèles et la joie de ceux qui les connaissent.

lundi 5 septembre 2011

#4 Jusqu'où peut aller la caricature ?


J'ai déjà mentionné précédemment qu'une des bases d'une caricature était de ressembler à son modèle. La seule limite à ne pas dépasser est donc celle de ne plus être ressemblante, ou du moins reconnaissable. Toutes les déformations et accentuations physiques peuvent être poussées jusqu'à ce point de non retour.
Naturellement, cette limite est subjective. Elle est différente également selon les sujets.
Plus un visage est "caricatural" au départ et plus le dessinateur pourra aller loin. Ne le ferait-il pas ou pas assez qu'il ne manquerait pas d'entendre des commentaires du genre : "c'est trop gentil, avec lui (ou elle), il y a pourtant de quoi faire… !".
Pareillement, plus un personnage est connu, plus son physique est assimilé par le plus grand nombre, et plus on pourra prendre de liberté avec lui.

Donc, vous l'aurez compris, rien de plus ennuyeux pour un caricaturiste que quelqu'un de jeune, beau (en plus ça énerve) et inconnu.