mardi 1 octobre 2013

#16 pan dans les dents




Que serait une bouche (surtout féminine) sans de belles lèvres. Mais celles-ci ouvertes, comment ne pas s'arrêter sur ce qu'elles dissimulaient, parfois avec raison.
Les dents, bien sûr, ces reines du palais, dont la régularité de l'alignement et la blancheur font tout le charme. Mais dont le désordre et le déséquilibre font le plaisir du caricaturiste.
Il est très rare qu'on n'en voit pas un peu, sauf dans les expressions très (trop) sérieuses ou bien maussades.
La moindre amorce de sourire les dévoile. Mais c'est quand la personne sourit "à pleines dents" que l'on peut juger ce qui en fait un élément constitutif de la personnalité de l'individu. 
Car chaque dentition est unique. Grande, petite, adaptée à la bouche qui les contient ou au contraire à l'étroit. Parfois les incisives prennent la vedette, parfois aucune ne dépasse. Parfois elles sont bien sagement côte à côte, parfois elles se chevauchent dans un joyeux désordre. Certaines se touchent, d'autres laissent de grands espaces…
L'apparence des dents est aussi définitivement dessinée, sauf opérations longues et onéreuses. Il n'est pas besoin d'être médecin légiste pour en constater le côté immuable au fil des ans, les autres traits du visage auraient-il évolués.
C'est souvent l'élément final qui achève la réussite d'une caricature, la touche emportant l'adhésion (pour autant que le reste soit juste).
Dans une caricature réussie, non seulement le spectateur doit reconnaître les dents du sujet telles qu'il s'en rappelle, mais pour que la réussite soit encore plus éclatante,un dentiste, même sans connaître le modèle, doit pouvoir diagnostiquer les éventuelles retouches à opérer.
C'est un sujet de choix auquel on ne pense pas toujours assez. Mais pour qu'une caricature soit réussie, le dessinateur ne doit-il pas avoir un peu la dent dure ?

vendredi 13 septembre 2013

#15 Mise en bouche



La bouche peut devenir le sujet principal du tableau. Il suffit qu'elle soit suffisamment lippue pour prendre la vedette sur son voisin le nez (à moins que celui-ci soit également proéminent, ce qui crée une concurrence difficile).
Une belle bouche, une grande bouche, une grosse bouche deviennent l'élément structurant du visage et tous les autres éléments s'articuleront autour d'elle et même, d'une certaine façon, en arrière.
Souvent féminine, la lèvre voluptueuse s'avancera comme un baiser. Mais elle peut-être masculine et la relative rareté de lèvres pulpeuses dans un physique masculin sera d'autant plus intéressant comme élément différenciant de la personnalité.
L'attrait mais aussi la difficulté pour l'illustrateur est d'en retrouver la texture, le relief, la brillance. D'en exprimer avec justesse la couleur, même en noir et blanc.
Une bouche est comme une porte, elle doit être ouverte ou fermée.
C'est la première décision à prendre.
Représentera-t-on les lèvres closes, silencieuses (quel bonheur parfois), expressives mais mutiques ? Elles pourront quand même représenter divers sentiments comme la joie, le plaisir, l'ennui, le dégoût, la colère, l'harmonie…
Ouvrira-t-on ces lèvres comme les pétales d'une fleur ? Ce sera pour exprimer plus de sonorité avec un rire, un cri, une exclamation. Ou un beau sourire.
Ce sera surtout pour dévoiler ce qu'elle cachaient, je veux bien sûr parler des dents.
Nous en reparlerons plus longuement. Les dents méritent un sujet à elles seules.

mercredi 20 mars 2013

#14 T'as d'beaux yeux

Les yeux sont évidemment une composante essentielle d'une caricature. 
S'ils sont le miroir de l'âme du modèle, alors il est primordial d'en représenter le reflet le plus fidèle possible.
Il est parfois troublant pour l'illustrateur de s'attarder sur les yeux du modèle et il faut s'avoir s'en détacher sans les perdre de "vue".

Des yeux réussis participent à la réussite du dessin sur plusieurs plans :
- Tout d'abord ils rendent la caricature beaucoup plus vivante
- ils représentent mieux qu'aucun autre élément le caractère du personnage, sa malice ou sa bêtise, sa gentillesse ou sa méchanceté, son tempérament joyeux ou taciturne…
- parce que l'on se souvient souvent le mieux d'un regard, sa transcription juste emporte aussitôt l'adhésion du spectateur. À contrario, un regard qui ne serait pas reconnu détruit le succès de la caricature toute entière, le reste du visage serait-il magnifiquement réussi.

Même en noir et blanc, la palette est large pour représenter les yeux leur forme, leur contour, leur aspect sombre ou au contraire leur clarté.
Il est souvent tentant d'apporter une touche de couleurs sur cet unique détail (ah, certains yeux bleus…) alors que le noir fonctionne pratiquement toujours très bien pour le reste du dessin.

Il n'est donc pas question de se rater sur ces deux globes oculaires, d'où l'importance de bénéficier de photographies précises et fidèles quant au regard du modèle.
Rien ne fait plus plaisir que d'entendre : "Ah oui ! C'est bien son regard !"
Il est important également d'avoir réussi le sourire ou l'expresion, mais c'est un détail que nous verront plus tard… 


vendredi 18 janvier 2013

#13 Quel nez ?!


Le nez est souvent l'élément central d'une caricature… à tout point de vue. Ne dit-on pas : "visible comme le nez au milieu de la figure" ?.
Plus ou moins imposant, c'est autour de lui que sera (dé)construit le visage. Selon les morphologies, le choix pourra être fait de le privilégier aux dépends de tout le reste. Ce sera un pic, un cap, que dis-je… une péninsule !
Petit au contraire, il s'effacera pour donner la vedette à un autre élément du visage, yeux, menton…
La pire situation se rencontre avec un nez dans l'entre-deux. Ce nez "moyen" laisse lâchement le caricaturiste à ses choix. Doit-on le mettre en vedette ? Le minimiser ? Le laisser neutre ? Des tâtonnements seront souvent nécessaires et plusieurs options essayées tant les conséquences s'avèrent importantes. De la taille de ce nez dépend souvent la réussite ou l'échec de la caricature.
Les femmes ne vous pardonneront jamais de l'avoir injustement exagéré, elles vous pardonnent déjà difficilement quand vous reflétez une réalité bien regrettée (car elles sont rares, les femmes qui sont contentes de leur nez).

Cette partie du visage continuant à grandir tout au long de la vie, bénis sont les visages suffisamment âgés pour avoir un appendice nasal bien mûr.